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Monstres Indiens

REVUE DE PRESSE

 

« Monstres indiens pour adultes » est une pièce inclassable, comme toujours avec la compagnie La Bazooka.  C’est une grande illusion. Comme par magie, notre perception a été triturée. On entre éveillé, sans effraction, dans le rêve de quelqu’un d’autre.

Un rêve peuplé d’indiens, dans une forêt. Tout est organique, fluide. L’indien, ou plutôt l’indienne, femme-enfant, femme- animal, nous livre une danse ronde, sensuelle. Elle guette, attend, écoute, se repose. Son image se reflète indéfiniment dans l’eau des miroirs. L’enchantement opère, l’imaginaire se met en route. Le rêve intime de l’autre, devient peu à peu notre imaginaire commun.

On participe au rite, à l’initiation. Portée par les chants, les souffles, la musique -mélanges savants à la fois rocks et bucoliques –  la danse devient frénétique, on entre en transe. L’œuvre devient alors l’expression de notre intériorité cachée, la lecture de notre subconscient, de notre propre onirisme.

Et quand l’animal totem surgit, le décalage surprend, intrigue, amuse. Le burlesque entre en scène, pervertissant la magie, la décalant vers une fantasmagorie, une bande dessinée. Se noue alors une relation entre l’indienne et son animal. Le phantasme de la danseuse revient, prend le pouvoir sur le notre, et la frustration arrive. C’est la fin.

Une expérience singulière. Notre corps en sort marqué, comme en en léger déséquilibre. Il faut réadapter la rétine. Il reste une sensation de trop peu, de pas assez, de encore ! Une renaissance pas aboutie, après une presque petite mort. Les monstres adultes, devenus indiens ? »

In Seine chronique.fr – spec’acteurs blogueurs, Publié le 9 novembre 2012 | Par Bénédicte Lerat

 

 

CONSTRUIRE SON MONDE

Il y a eu MonStreS pour le jeune public. Voilà Monstres Indiens pour adultes. La BaZooKa, compagnie havraise, se confronte à nouveau à des êtres imaginaires dans ce nouveau spectacle qui sera créé jeudi vendredi au Rive-Gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray. L’origine de ces monstres pour les plus grands remontent à l’enfance. Pour Sarah Crépin, c’était à l’âge de 6 ans. « Je me suis prise pour une indienne. Je ne peux pas nommer le point de référence. Je me souviens d’avoir profité d’un déménagement, d’un changement d’école pour renouveler mon identité ». Une indienne comme symbole de liberté » Les indiens m’évoquent des balades à cheval, les vêtements faits de peaux, le maniement des arcs, la vie avec la nature. Pour moi, ils comprennent la nature, pénètrent les mystères… C’était mon monde. Un monde que j’inventais au fil des jours, qui m’as permis de vivre une parenthèse enchantée avec une part de surpuissance ».

Que représentent ces monstres lorsque l’on devient adulte ? Font-ils toujours rêver ? « Lorsque l’on est enfant, nous avons la capacité à se construire son monde. Plus grand, on se construit dans le monde », remarque la danseuse.

Monstres indiens pour adultes questionne à nouveau l’identité, un thème cher à La BaZooKa, se veut un rêve. Nous avons désiré, via le son, l’image et la danse, amener la contemplation. Il y a une forte part d’évocation pour laisser au spectateur sa propre porte d’entrée dans cette proposition artistique », indique Etienne Cuppens. La compagnie s’interroge ainsi sur la capacité des adultes à construire un imaginaire.

« Est-ce qu’on a le droit ou jusqu’où peut-on s’amuser à se retrouver dans des moments de liberté, à se laisser aller dans un imaginaire ? »

Dans ce Monstres indiens pour adultes, « nous avons travaillé sur le passage d’un état à un autre, comme peut le faire sans problème un enfant, sur cette facilité d’aller toujours de ‘lavant », confie Etienne Cuppens. Ce solo de danse se déroule sous une végétation dense, au milieu d’un cercle de miroirs tel un palais des glaces ou un tipi, où l’image se reflète à l’infini. Cet univers circulaire rappelle celui d’un cabaret. Monstres indiens pour adultes n’en est cependant pas un. La BaZooKa joue à nouveau sur l’ambivalence. Sur une plateforme qui pourrait être un totem, une femme convoque ses monstres, se lance dans un jeu sensuel pour impulser la lumière. »

In Paris Normandie | novembre 2012, par M.B.

 

« De Pocahontas au Crazy Horse 

Sarah Crépin, danseuse et chorégraphe a abandonné son collier de plumes un instant pendant les répétitions, ce sont ses fantasmes de petite fille qui ont donné naissance à ce spectacle baptisé Monstres indiens pour adultes. Étienne Cuppens a mis en scène et en son le spectacle. Une petite fille racontant à qui voulait l’entendre qu’elle était indienne. De ce fantasme enfantin, Étienne Cuppens et Sarah Crépin ont fait un spectacle au dispositif très particulier.

Le titre de votre spectacle est bien énigmatique, que revêt-il exactement ?                                      Sarah Crépin : Tout est parti d’un précédent spectacle pour enfant cette fois-ci baptisé Monstres. Cette nouvelle création est née d’un souvenir que j’avais enfant où à la faveur d’un déménagement et d’un changement d’école, j’ai raconté à mes amies que j’étais indienne. Cela a marché jusqu’à ce que j’invite une amie à la maison qui a posé des questions à ma mère ! Plus largement, cette pièce chorégraphique tourne autour évidemment de la liberté, de la relation à la nature, car, pour moi être indienne signifiait ne pas avoir à se lever pour aller à l’école, vivre dans un tipi. Rien que des choses très excitantes.

Étienne Cuppens : Ce spectacle qui a été vraiment écrit à trois avec l’autre danseuse, Claire Laureau évoque l’enfance perdue et s’interroge sur ce qu’il en reste chez nous les adultes. Je suis arrivé dans le projet que Sarah devait écrire seule à un moment où justement elle était bloquée par ce sujet. Finalement, il est peut-être plus facile de réfléchir et de travailler sur une histoire qui n’est pas la sienne, cela permet de chercher des choses qui nous échappent et nous nourrissent aussi. Nous avons travaillé sur les fantasmes des enfants qui nourrissent aussi les fantasmes d’adultes.

À propos de fantasmes, les corps sont dénudés, la petite indienne devenue femme semble rêver d’autre chose, Pocahontas au Crazy Horse pour faire court, non ? 

Sarah Crépin : Oui nous abordons la sexualité de l’adulte et le fantasme de l’enfant tous deux liés à la liberté. Je suis comme l’autre danseuse en culotte et seins nus mais comme toute petite fille qui décide de jouer à l’indienne, j’ai un collier de plumes et puis nous nous sommes amusés à partir de ce jeu de petite fille qui devient une femme et une danseuse de cabaret. Nous avons exploré le chemin entre ces deux mondes incompatibles.

Étienne Cuppens : Nous avons fait un essai de nudité totale qui nous a permis de nous donner l’assurance que nos questions étaient les bonnes et que la nudité totale dans cette histoire n’apportait absolument rien.

Le dispositif scénique crée une sorte d’écran entre la danseuse et le public de toute façon ! Étienne Cuppens : Les 45 spectateurs sont installés dans des transats. La danseuse est sur une estrade circulaire derrière eux et son image se reflète à 360 ° dans une structure faite de miroirs qui se trouvent au niveau des yeux des spectateurs. Ce qui donne l’impression d’être dans un espace totalement détaché du monde mais permet d’entendre le souffle de la danseuse. Très souvent le spectateur oublie complètement que la danseuse est derrière lui.

Sarah Crépin : Ce dispositif me fait penser à une enfant qui serait dans sa chambre. La danseuse est juchée sur un tout petit espace, c’est aussi un dispositif de cabaret, un lieu finalement exclusivement réservé́ aux adultes, il y a évidemment là dessus une référence à l’érotisation des corps.

En plus de ce dispositif scénique étonnant, vous dansez deux fois par soir, n’est-ce pas éprouvant ?

Sarah Crépin : Non parce que nous dansons en alternance chacune le rôle de l’indienne et un second rôle. Il y a un engagement physique très fort en tant que danseuse, le corps est en perpétuel mouvement, nous traversons des dimensions qui ne vont pas jusqu’à la transe, nous sommes en mode de contrôle pour ne pas risquer de tomber de la plateforme et puis aussi parce qu’il y a toujours l’idée qu’il s’agit d’un jeu. Mais pour résister physiquement nous dansons en alternance. Claire, l’autre danseuse et moi avons deux logiques de corps très différentes, Claire est plutôt concentrique dans ses gestes et, moi, plutôt portée vers l’extension. Aussi, nous avons élaboré́ une écriture qui nous corresponde à toutes les deux, cela nous a alimentés et forcé à aller chercher au-delà̀ de notre nature et nous sommes investies au maximum dans le rôle et puis c’est bien plus joyeux en tournée que de se retrouver seule. Je peux dire que le solo est finalement assez ingrat pour moi, si la solitude peut être une source d’émancipation, il y a un prix à payer et je lui préfère largement le partage. Même s’il y a forcément un peu d’ego à être sur scène, notre combinaison à toutes les deux est vraiment idéale.                                                                                                       

Étienne Cuppens : Chacune imprime en plus sa nature sur le personnage de l’indienne et finalement les deux versions ne produisent pas les mêmes histoires. Comme tout est grossi par l’effet de miroir, chaque souffle, soupir ne raconte pas la même chose et montre au contraire combien le corps peut dire de choses.

In Le Journal de Saône-et-Loire | Interwiew par Meriem Souissi, publié le 31 janvier 2014

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